Skip to content

L’État reconnaît officiellement l’obsolescence du tout-à-l’égout

Incroyable mais vrai ! Le 11 décembre 2019 était votée une loi – qui aurait pu rester anecdotique mais sera historique – visant à « l’abrogation de lois obsolètes ». Est concernée… la loi du 10 juillet 1894 relative à l’assainissement de Paris et de la Seine, dite « tout-à-l’égout » !

Que dit cette loi ? Que « les propriétaires des immeubles situés dans les rues pourvues d’un égout public seront tenus d’écouler souterrainement et directement à l’égout les matières solides et liquides des cabinets d’aisances de ces immeubles ». Voici justement la définition, souvent méconnue, du tout-à-l’égout : à Paris, et dans les autres villes également, on a d’abord construit l’égout pour évacuer les eaux pluviales. Puis on y accepte aussi les eaux ménagères (eaux de cuisine, de bain, etc.). Mais pas les urines et matières fécales qui sont collectées séparément pour en faire de l’engrais. « Tout-à-l’égout » signifie qu’on peut ou doit également mettre, dans cet égout destiné aux eaux pluviales et ménagères, les urines et matières fécales.

Cette abrogation vient à point nommé pour le projet de la ZAC Saint-Vincent-de-Paul qui prévoit une collecte sélective des urines. Heureusement, une question parlementaire de 2010 avait déjà permis de clarifier que toute personne qui désire ne pas mettre urines et/ou matières fécales à l’égout, même en zone d’assainissement collectif, est autorisée à le faire, sous réserve du respect de la réglementation relative aux toilettes sèches et de la conservation de son branchement à l’égout (pour les eaux ménagères donc). Et la reconnaissance officielle de l’obsolescence du tout-à-l’égout préfigure sûrement la prochaine loi dite « rien-à-l’égout » qui, pour permettre de valoriser l’engrais humain et préserver les rivières, invitera à ne plus mettre les urines et matières fécales à l’égout. Gageons que cette loi du « rien-à-l’égout » clarifiera ainsi les consignes toujours difficiles à expliquer du tout-à-l’égout actuel qui permet qu’on mette dans l’eau urines, matières fécales et papier toilette mais interdit lingettes, huiles ou biodéchets.

En attendant une loi, vous pouvez déjà adopter la pratique !

Diffusé initialement par Marine Legrand, LEESU dans l’infocapi 6 hiver 2020.

Back To Top